L’amour courtois ou fin’amor

= type particulier de jeu amoureuxélaboré au Moyen âge.

De quoi s’agit-il ?

La courtoisie est à l’origine un mouvement littéraire, destiné aux seigneurs, qui décrit un jeu amoureux, avec des règles, un code très précis de comportement amoureux. Le but est de gagner le cœur de la dame. On le nomme aussi le service d’amour. Ce sont des troubadourscomme Guillaume de Poitiers qui en fixèrent les règles. Il s’agissait de « civiliser » les mœurs amoureuses chevaleresquesafin qu’elles puissent rivaliser avec un idéal religieux comme le culte marial(Vierge Marie).

Mais rapidement, ce phénomène littéraire a influé la vie réelle et a imposé à la cour un nouveau code de comportement, notamment dans le domaine amoureux.

Les caractéristiques de l’amour courtois :

Il s’agit d’un amour à la fois sensuel et spirituel dont l’objectif reste cependant l’assouvissement du désir amoureux.

1 / Le déclenchement ou l’innamoramento :

Deux protagonistes : une dame mariée et un homme jeune, célibataire, un chevalier. Ce dernier aperçoit la dame et son cœur en est immédiatement troublé. Il n’est désormais plus libre (son cœur est pris et la dame a tout pouvoir sur lui ; elle seule peut délier ce lien). La femme, elle, est encore libre, de refuser ou d’accepter l’offrande de son coeur. Le chevalier se voit alors mis à l’épreuve, il doit faire la démonstration de sa valeur. Si la dame accepte, elle est à son tour prisonnière de l’amour et doit se livrer corps et âme.

2 / La « dame » et le chevalier :

Issu du latin « domina » le terme indique qu’elle est en position dominante. Elle est donc forcément mariée et d’un rang supérieur à celui du chevalier (= souvent l’épouse de son seigneur).

Pour gagner son amour le chevalier a pour devoir de se surpasser et de prouver ses qualités et sa fidélité. De ce point de vue l’amour courtois a pour fonction de contribuer à la formation du jeune chevalier. Pour séduire, il doit faire montre de sa virilité, or à l’époque les valeurs viriles sont essentiellement des valeurs guerrières : bravoure, force, hardiesse. Lors des tournois et des guerres, il doit montrer sa valeur pour gagner le cœur de sa dame. Le danger fait tout autant que le plaisir partie intégrante de l’amour courtois. L’amour se trouve souvent assimilé à un jeu de guerre (ce qui explique les métaphores guerrières).

3 / Un amour adultère :

Ceci s’explique par le fait qu’à cette époque et dans ce milieu ; le mariage n’est pas un prétexte à l’amour mais une affaire de clauses, de raison et d’arrangements àpas d’amour possible dans le mariage. Le code courtois est donc une façon de légitimer et de ritualiser le désir amoureux.

4 / Un amour dangereux

On peut donc parler d’amour dangereux puisque le chevalier va prendre des risques au combat. Mais le danger vient aussi de l’adultère (pire des subversions pour une femme pouvant entrainer sa mort). Le secret est donc une nécessité pour se prémunir des médisants(la dame doit sauvegarder l’honneur de son mari, se méfier des mauvaises langues et se préserver de la calomnie).

5 / Un amour exclusif :

Le cœur du chevalier est entièrement dédié à la dame comme s’il était confisqué à son propriétaire.

6 / Beauté et amour courtois :

Même si l’amour courtois comporte une dimension spirituelle, la beauté physique est un critère fondamental. C’est elle qui attire d’abord le regard du chevalier (rôle primordial du regard), il s’agit donc bien d’une attraction physique. La dame doit donc séduire et prendre soin de son apparence. On lui demande se de parer, de se refuser longtemps et de ne se donner que parcimonieusement, par concessions progressives, afin que le jeune homme apprenne à se maîtriser et à dominer son corps. On peut assimiler la beauté à un idéal féminin (la blancheur de la peau, signe de noblesse, la clarté des yeux, les cheveux frisés et dorés).