Séquence  1 / Séance 4 : Analyse du poème de Louise Labé, « Je vis, je meurs… » 1555

I / Première approche :

1 – Noter au tableau le premier vers sans distribuer le texte / inviter les élèves à émettre des remarques et des hypothèses :

« Je vis, je meurs ; je me brûle et me noie ; »

On attend que :

  • La classe note la présence des marques de la 1 ère personne
  • Le lexique des sensations physiques àimpression d’une situation douloureuse, désagréable
  • Les oppositions : antithèses / vie et mort / feu et eau

Poème lyrique ????

Quelle thématique ? Pourquoi souffre-t-elle ? Le vers ne suffit pas pour répondre évidemment, mais les élèves peuvent exploiter le paratexte.

2 – Noter au tableau le vers 9 (même démarche)

« Ainsi Amour inconstamment me mène »

 On attend :

  • Le repérage de l’allégorie, figure vue lors de la séance précédente àaccorde de l’importance au sentiment
  • Ainsi : adverbe qui opère comme un connecteur logique àintroduit ici une sorte d’explication
  • Inconstamment : point de langue: adverbe de manière / composé autour du radical « constant » + préfixe privatif IN et suffixe de dérivation adverbiale mentFormation de ces adverbes et orthographe / sens = avec inconstance, en changeant, sans être fixe.
  • Me : pronom personnel en position de COD : « me mène » signification ainsi que l’auteure est conduite par l’amour àforme de passivité.

 Réflexion avant la découverte du poème dans son intégralité : comparer ces deux vers, les mettre en relation et justifier le choix de l’adverbe « inconstamment » –> hypothèse sur la thématique du texte.

3 –  Lecture / découverte du texte :

 – Élucidation du lexique : notamment maint, grief, Heur / à relier à malheur

II / Analyse du texte :

 1 – Forme du poème ? Quel type de poésie ?

Un sonnet lyrique :démontrez-le !

Sonnet : 2 quatrains + 2 tercets / en décasyllabes ici

Tout comme ces prédécesseurs, dont Pétrarque, Louise Labé recourt au registre lyrique:

  • Elle exprime ses sensations et ses sentiments à la 1ère pers : importance du pronom JE à l’entame du poème sous l’accent/1ère pers omniprésente dans tout le sonnet : 3 occurrences dans le v 1, mais on la rencontre aussi en position COD au v 9 « me mène » / on peut également mentionner à ce titre les possessifs : « ma joie » v12 ou « mon bien v 7.
  • A cela s’ajoute la thématique : l’Amour, l’un des motifs lyriques majeurs, v9 : allégorie (cette allégorie = un topos, un lieu commun).
  • Lexique des sensations et de l’affectivité: plaisir, malheur, je ris, joie, douleur…

Travail sur la métacognition pour développer des réflexes d’analyse : Quelle démarche pouvez-vous mettre en place pour vous approprier davantage le sens du texte ? Pour mieux en comprendre le sens ?

On attend :

Relever les champs lexicaux

Repérer les figures de style

Repérer les mouvements du texte

Repérer les temps et modes des verbes

      –> Travail en autonomie : 10 mn / partage des tâches

Les mouvements du texte :

Une phrase par strophe !

Les deux quatrains s’organisent autour d’une opposition plaisir / souffrance et évoquent les sensations, le ressenti de Louise Labé.Mais quatrains énigmatiques : on ignore ce qui provoque ces états.

Le v 9 opère une transitionet éclaire le lecteur àdans les deux tercets elle développe la même idée d’un état changeant mais en précisant la cause.

–> Il s’agit pour l’auteure d’exposer dans son poème les effets de l’amour.

Si l’on s’appuie sur les champs lexicaux il apparait que ces effets s’organisent autour d’une antinomie: plaisir/ souffrance (plaisir : je vis/ joie/ je ris/ plaisir/ désiré heur et souffrance : je meurs, je larmoie, tourment, j’endure, douleur, grands ennuis, premier malheur).

On peut noter qu’elle opte pour un vocabulaire concret, surtout dans les quatrains, pas d’idéalisation, ni d’intellectualisation de l’amour mais manifestations physiques et morales.

Ce lexique comporte parfois des connotations érotiques: brûle/ chaud/ molle/ dure/ sèche/ verdoie…Jeu de l’auteur ?

Elle recourt au présent de l’indicatif à valeur itérative –> situation fréquente, répétée. Mais cette situation se limite-t-elle à son cas ???

Les figures : outre les antithèses, on remarque des métaphores pour traduire ce qu’elle ressent : métaphore du feu, de la noyade ainsi que des hyperboles comme « chaud extrême » pour traduire l’intensité des émotions –> Paroxysmes !

2 / Comment l’amour est-il présenté ?

–> Comme un sentiment dual (à double facette) 

  • Le poème s’organise autour des dichotomies bonheur («je me trouve hors de peine » v 11, « désiré heur » v 13) et malheur puis plaisir et souffrance.
  • L’auteur multiplie les constructions binaires (termes qui vont deux par deux).
  • Les effets de parallélisme et de symétrie renchérissent cette dualité

EX : parallélisme v 10 et 12 : quand + JE+ verbe croire/ penser + groupe à l’infinitif

EX :  v 3 conjonction° ET+ adv. TROP + adj.

Observez comment sont reliés les antonymes et les antithèses :

  • Parataxe (juxtaposition de propositions indépendantes) v 1 « Je vis, je meurs » : accélère, rapproche voire superpose les 2 états.
  • Répétition de la conjonction de coordination « Et »
  • « en plaisir … tourment j’endure » CC qui inclut la douleur
  • Le gérondif « en endurant » v2 qui indique la simultanéité.
  • Des locutions adverbiales comme « tout à un coup » / « tout en un coup » v5 et 8
  • Le participe passé employé comme adj. « entremêlé » qui achève de tisser les 2 champs lexicaux du plaisir et de la douleur.

L’intérêt du poème réside alors dans le fait que ces effets de l’amour ne se succèdent pas mais coexistent, se superposent –> simultanéité.

  • Ceci est renchéri par d’autres effets comme la rencontre à la rime des termes noie/ joie dans le 1er quatrain, larmoie/ verdoie dans le 2nd.

Comment peut-on qualifier un tel amour ?

 –> Introduire la notion de PASSION(étymologie « patior », je souffre (passion du Christ) / = amour intense irrésistible et violent / peut aveugler ou conduire à des comportements irraisonnés.

  • Lexique de la souffrance
  • Le terme « malheur » mis en relief par sa position finale (accent) + rencontre à la rime heur/ malheur
  • Les allitérations en dentales et en [R] traduisent cette souffrance, l’agression subie. Ex v 2 « J’ai chaud exTRême en enDuRant fRoiDuRe »
  • L’assonanceen [i], notamment dans le 2nd quatrain, donne à entendre la douleur.
  • La passion suppose une passivité traduite par le jeu des pronoms en position de COD(me mène, me remet)

L’Amour = le maître / le JE = sous sa coupe.

 

III – Point de langue : formation et orthographe des adverbes en MENT

IV – Vers le commentaire :

 Comment rédiger un paragraphe de commentaire ?

Exercice à trous puis exercice d’imitation

 

Consigne : complétez le texte suivant à l’aide des mots en italiques ci-dessous:

Lorsqu’elle ………….le sentiment amoureux, Louise Labé en souligne la ……….. Les multiples …………… des termes liés aux ………………………….. du bonheur et du malheur laissent ainsi apparaitre que le poème ………………. autour de la ………………..du plaisir et de la douleur. Les nombreuses antithèses comme « je vis, je meurs » / « je ris et je larmoie » ou « je sèche et je verdoie » ……………… des effets contrastés et contradictoires de l’amour. A cela …………….. les effets de parallélisme et de symétrie qui …………………. cette dualité, ainsi que les constructions binaires comme celle du v 3. …………l’intérêt du poème réside alors dans le fait que ces manifestations de l’amour ne sont pas ……………….. comme successives mais comme simultanées, ce que traduisent plusieurs ……….. L’auteur …………… en effet à la parataxe comme au v 1 « Je vis, je meurs ». La juxtaposition de courtes propositions indépendantes accélère, rapproche voire superpose les 2 états, tout comme les associations permises par la répétition de la conjonction de coordination « Et » v 5 « je ris et je larmoie » ou v 7 « je sèche et je verdoie ». La préposition « en » dans le GN « en plaisir » ………….., elle,  que le plaisir inclut la douleur sous la forme du « tourment », tandis que le gérondif « en endurant » v2 …………..la simultanéité. Cette idée se voit ……………. ..par les locutions « tout à un coup »/ « tout en un coup » v5 et 8, qui fondent les deux états dans un même moment. Enfin, le participe passé employé comme adjectif « entremêlé » achève de tisser les 2 champs lexicaux du plaisir et de la douleur, soutenu par les rencontres à la rime des termes noie/ joie dans le 1er quatrain, larmoie/ verdoie dans le 2 nd.

Mais si Louise Labé ……………. ainsi une place privilégiée à l’ambiguïté de l’amour, c’est parce qu’elle l’…………… sous l’angle de la passion, au sens étymologique du terme. (= phrase de transition)

Liste des mots ou expressions à utiliser :

Aborde / Présentées/ Renchérissent / Soulignée / Recourt / Signifie / Accorde / Champs lexicaux / Témoignent / Evoque / Procédés / Mais / s’organise / dualité / occurrences / Indique / dichotomie / s’ajoutent/

 

Correction exercice :

Lorsqu’elle évoque le sentiment amoureux, Louise Labé en souligne la dualité. Les multiples occurrences des termes liés aux champs lexicaux du bonheur et du malheur laissent ainsi apparaitre que le poème s’organise autour de la dichotomie du plaisir et de la douleur. Les nombreuses antithèses comme « je vis, je meurs » / « je ris et je larmoie » ou « je sèche et je verdoie » témoignent des effets contrastés et contradictoires de l’amour. A cela s’ajoutent les effets de parallélisme et de symétrie qui renchérissent cette dualité, ainsi que les constructions binaires comme celle du v 3. Mais l’intérêt du poème réside alors dans le fait que ces manifestations de l’amour ne sont pas présentées comme successives mais comme simultanées, ce que traduisent plusieurs procédés. L’auteur recourt en effet à la parataxe comme au v 1 « Je vis, je meurs ». La juxtaposition de courtes propositions indépendantes accélère, rapproche voire superpose les 2 états, tout comme les associations permises par la répétition de la conjonction de coordination « Et » v 5 « je ris et je larmoie » ou v 7 « je sèche et je verdoie ». La préposition « en » dans le GN « en plaisir » indique elle que le plaisir inclut la douleur sous la forme du « tourment », tandis que le gérondif « en endurant » v2 signifie la simultanéité. Cette idée se voit soulignée par les locutions « tout à un coup » / « tout en un coup » v5 et 8, qui fondent les deux états dans un même moment. Enfin, le participe passé employé comme adjectif « entremêlé » achève de tisser les 2 champs lexicaux du plaisir et de la douleur, soutenu par les rencontres à la rime des termes noie/ joie dans le 1er quatrain, larmoie/ verdoie dans le 2 nd.

Mais si Louise Labé accorde ainsi une place privilégiée à l’ambiguïté de l’amour, c’est parce qu’elle l’aborde sous l’angle de la passion, au sens étymologique du terme. (= phrase de transition)

Travail personnel : exercice d’imitation. En vous inspirant de ce modèle, vous rédigerez un paragraphe pour démontrer au choix :

  • Que ce poème est un sonnet lyrique
  • Que l’amour est présenté comme une passion

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Travail personnel : exercice d’imitation. En vous inspirant de ce modèle, vous rédigerez un paragraphe pour démontrer au choix :

  • Que ce poème est un sonnet lyrique
  • Que l’amour est présenté comme une passion